samedi 28 mai 2011

deux expériences de gastro...nomie chinoise


  Ecrit pour le défi du samedi

1996/ Luoyang : premier voyage en Chine avec un groupe d'amis.
Nous avons décidé de manger dans la rue avec les chinois plutôt que dans les restaurants chics pour étrangers.
Nous avons l'embarras du choix : les petites gargotes sont nombreuses dans les ruelles. Pour départager les restaurants, nous regardons la gestion de la vaisselle : mieux vaut éviter ceux qui passent les bols rapidement dans deux  bassines remplies d'eau : d'abord une eau noirâtre vaguement savonneuse, puis une eau de rinçage  grise moins sale, mais nous ignorons ce que font les autres. Partout, sur des réchauds cuisent des brochettes de viande. Nous voici  donc assis quasi par terre, dans les vapeurs grasses,  nos papilles ne résistent pas à ces nouvelles saveurs (* /**). Et là, Jean (intendant dans un collège quand il ne visite pas la Chine  avec nous) s'exclame, un peu désolé : "quand je pense que juste avant de partir, j'ai eu droit  à un contrôle serré sur l'hygiène dans les cuisines du collège, qu'ils ont traqué  la moindre erreur, et que là, je suis assis par terre dans la poussière, à manger des trucs non identifiés(mais délicieux) dans une vaisselle peut être contaminée !... C'est pas tout ça,  je reprendrais bien une petite brochette..." 

  1999 : Chengde (nord de la Chine) quelques années plus tard ce sont mes fils qui voyagent avec moi, et nous fuyons toujours les luxueux restaurants pour "longs-nez" ou "lao wai". ***

Dans une petite rue, nous avons choisi un petit boui-boui d'allure accueillante : quelques tables basses à même le trottoir, un patron débonnaire et souriant qui est tout fier de trouver une ressemblance à mon fils ainé avec Zinedine  Zidane(nous avons mis du temps à comprendre car la prononciation est assez étonnante ).
Tout en dégustant nos brochettes de viande, nous goûtons la fraîcheur du soir. Le patron s'est assis non loin de nous pour être sûr que nous ne manquons de rien.
Nous avons commandé une deuxième tournée de brochettes et de petits pains qu'il s'est empressé de nous apporter.
Nous avions presque terminé notre festin, quand mon jeune fils a trouvé la fève : une dent minuscule est tombée de son sandwich  sur la table. Renseignements pris, cette dent n'était à personne, j'ai donc supposé qu'il pouvait s'agir d'une dent de rongeur. Ça y ressemblait bien .  
Mon fils ainé a alors lâché à son frère d'un ton méprisant : "moi aussi, j'ai trouvé une dent  tout à l'heure, mais moi, je n'ai rien dit,  je suis discrêt ,et poli moi, et surtout, je ne voulais pas vexer le patron !  "   
moralité : où il y a de l'hygiène il y a pas de plaisir !   
* le calembour : "papille fait de la résistance " était trop tentant (même pas honte !)
** manque d'hygiène peut être,  mais c'est super bon, personne n'a été malade, et ce qu'on mange là bas n'a rien à voir avec ce qu'on trouve en Occident dans les restaurants chinois       
*** longs nez : il parait qu'ils appellent comme ça les Occidentaux  mais en fait ils utilisent plutôt : "lao wai" qui signifie mot à mot " vieux  étrangers" (terme familier  où wai =extérieur/ lao = vieux ) 

vendredi 20 mai 2011

dépassements d'honoraires, double jeu médecine à deux vitesses



Bien loin derrière les événements récents aux states (sur lesquels je n'ai aucun droit ni désir de m'exprimer) le débat sur la signalisation des radars routiers (qui déchire la majorité présidentielle, car, sans doute plus important que le chômage !), on entend parler des négociations conventionnelles entre la sécu et les syndicats médicaux.

Les échos de ces négociations me mettent dans une rage noire.
En résumé nous avons droit aux affirmations suivantes :

La plupart des jeunes s'installent en secteur à honoraires libres = secteur 2

Oh les vilains méchants qui font des dépassements d'honoraires étranglant le pauvre peuple !

Et en plus, ces riches médecins secteur 2 sans cœur sont très souvent des ophtalmologistes chirurgiens.

Ah ma bonne dame où va-t-on, je vous le demande ! (sanglots dans la voix du journaleux)

J'ai la chance que ce blog soit peu lu (je n'aurais pas le temps de répondre à des commentaires trop nombreux) et je vais pouvoir prendre la défense de mes confrères soit disant nantis et roulant presque tous en voiture de course allemande.

Quelques rappels : dans ce pays on devient médecin généraliste à bac + 8 ; pendant ces 8 ans, on est une charge peu rentable pour sa famille. (Voir "gratuité des études médicales"), on devient chirurgien ou médecin spécialiste en rajoutant trois à cinq ans d'internat à ces études ce qui nous amène à Bac+13.

 Pourquoi les médecins spécialistes choisissent ils massivement le secteur 2 dit "à honoraires libres" et quelles sont les conséquences de ce choix ?

Il fut un temps (lointain) où la plupart des médecins exerçaient en secteur1. A cette époque, les honoraires étaient régulièrement révisés avec une hausse moyenne d'un euro par an pour le prix de base de la consultation.

A cette époque, quand fut proposé le passage en secteur à honoraires libres certains (dont je suis) n'y ont vu aucun intérêt : le prix de la consultation était correct, régulièrement revalorisé et je ne souhaitais pas pénaliser mes patients modestes retraités par des honoraires trop lourds.
 A partir des années 95, les honoraires ont stagné (quand le coût de la vie augmentait et les charges itou) et le passage en secteur 2 a été bloqué livrant les médecins secteur 1 pieds et poings liés au bon vouloir de dame sécu quant aux honoraires.
 Dans ces conditions, quel jeune médecin serait aujourd'hui assez bête ou idéaliste pour refuser la possibilité d'une certaine liberté de ses honoraires ?

Les conséquences de ce choix sont visibles : secteur 2 pour la plupart des jeunes spécialistes et en particulier les chirurgiens.
Pour ces derniers, les protocoles de plus en plus contraignants, les précautions à prendre alourdissent le prix de l'acte chirurgical que la sécu refuse de revaloriser.

Les représentants des caisses d'assurance maladie, relayés par la presse crient haut et fort au scandale ... mais il faut savoir que les dépassements d'honoraires ne plombent en rien les comptes de la sécu puisque ce sont les mutuelles qui interviennent pour les rembourser. Au contraire les médecins secteur 2 paient en contre partie des cotisations sociales bien plus conséquentes que les médecins secteur 1.

Et, se demande le journaleux de base, pourquoi les ophtalmologistes secteur 2 sont-ils légion ? ("non seulement ils vous donnent des rendez-vous à six mois de délai, mais en plus, ils vous prennent plein de sous !")

Tout simplement parce que, outre les raisons citées plus haut, la spécialité a beaucoup évolué : le matériel nécessaire pour faire du bon travail coûte une fortune, se casse ou devient obsolète avant d'avoir été amorti.

Et puis il y a le problème de la démographie : pour tenter de répondre aux besoins croissants d'une population vieillissante, certains ophtalmologistes font appel à des orthoptistes pour la première partie de la consultation.(calcul et vérification des lunettes) 
 Ces orthoptistes permettent d'augmenter le nombre de consultations mais constituent une charge financière trop  importante si la consultation reste bloquée à 28€ (c'est le prix en secteur 1).
D'aucuns me rappelleront le train de vie de certains de mes confrères secteur 2 et ajouteront que les médecins ne sont pas à plaindre que tout ça c'est corporatisme et compagnie : il suffit de comparer l'évolution du prix du pain, du SMIG, et de la consultation.  
Chers journaleux qui passeriez par ici, chers représentants des caisses d'assurance maladie, chers décideurs politiques de tout poil, qui avez organisé les déserts médicaux que vous dénoncez aujourd'hui, hors urgence urgentissime, vous aurez du mal à obtenir un rendez-vous avec moi, qui suis ligoté au secteur 1 probablement jusqu'à ma retraite sans successeur.
 Mes rendez-vous sont complets pour les douze mois à venir, pour vous, non seulement il n'y aura pas de passe-droit, mais en plus je m'offrirai un dépassement d'honoraires conséquent,(préparez les billets de 100€) seul moyen d'exprimer ma colère.

dimanche 15 mai 2011

le congrès et l'après congrès (2)



    Résumé du chapitre précédent  : Le congrès de la société française d'ophtalmologie  a lieu au mois de mai  porte Maillot.
A partir du lundi, le congrès a pris  son rythme de croisière.
 J'ai retrouvé mes réflexes "parisiens" : mon bus n°82 qui traverse les quartiers chics (zut, j'aimerais bien visiter le musée Guimet), mon restau de sushis, et un rapide salut muet à Gaston Baty avant de retrouver le studio que des amis me prêtent rue de la gaité. Pendant cette semaine, je déguste le plaisir de l'anonymat (pouvoir marcher sans se faire accoster par un malade, c'est le pied intégral), et ce quartier animé devient le mien.                 
Certaines conférences intéressantes sont organisées par des laboratoires pharmaceutiques, et souvent elles s'accompagnent d'un repas ou d'un buffet ; j'ai regretté d'avoir perdu du temps et  bataillé pour un minable sandwich. Je déteste cette cohue autour des buffets,  pour se masser ensuite debout sur des tables bancales.  Je suis donc  allé me payer des sushis au fast food nippon(ni mauvais) du sous sol où j'étais assis seul et au calme.
Comme je l'ai dit à Adrienne en réponse à son commentaire, les marchands du temple sont partout. Je me suis offert une nouvelle monture d'essai et j'ai eu le tort de ne pas faire le tour des stands : payée 400€ chez machin, vendue 360 € chez truc.(je vais te faire une super contre pub à machin IRL parmi les collègues ). Je vous laisse imaginer le montant des arnaques sur les appareils de plusieurs milliers d'euros.
Quand je vous disais qu'il fallait recompter ses doigts après leur avoir serré la main ...  
Et puis c'est à partir du lundi que mes pieds et mes jambes me lâchent et se vengent de ma pratique assidue du "no sport" cher à W Churchill.
Le mardi matin a  lieu la Présentation du Rapport : c'est  toujours un moment solennel la grande salle du palais est pleine et les rapporteurs exposent une partie de leurs travaux dans un silence impressionnant.
Cette année le rapport traitait du décollement de rétine, et c'était  un très beau travail collectif.
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Dès le mardi après midi, les labos commencent à plier bagage, beaucoup de collègues sont  déjà repartis. 
-  Le palais se vide doucement ...l'urne transparente se remplit des  porte badge des congressistes qui rentrent chez eux.
L'idée de rejoindre, une rose rouge à la boutonnière,  mes amis politiques place de la Bastille m'a effleuré mais j'étais inscrit depuis longtemps à la soirée du congrès.
La "soirée du congrès" a lieu dans la grande galerie de l'évolution du muséum d'histoire naturelle, ouverte pour les quelques congressistes inscrits.

Nous sommes accueillis par un orchestre classique, et déambulons par petits groupes un peu partout dans cette atmosphère irréelle. Parfois je me sens comme un intrus parmi ces animaux.  Le repas, partagé avec des collègues sympathiques, est délicieux et il y a  ce cadre magnifique qui rend cette  soirée inoubliable .


 Le mercredi est consacré à une visite à ma cousine, puis à la découverte de l'exposition "Leviathan" d'Anish Kapoor au Grand Palais. Ce qu'on ressent à l'intérieur de cette oeuvre monumentale est assez personnel. J'ai passé tout le reste de l'après midi à regarder et prendre des photos. Si vous avez l'intention d'y aller, ne regardez pas l'album (Berthold) pour garder intact  le plaisir de la découverte. Voici juste une photo. 
   
z

jeudi 12 mai 2011

le congrès et l'après congrès (1)


12 Mai 2011 , Rédigé par ZigmundPublié dans #oeil et
Comme tous les ans, j'ai passé près d'une semaine à Paris pour le congrès de la société française d'ophtalmologie.  
Tôt le samedi matin, j'ai retrouvé le blockhaus de la porte Maillot. 
Peu de temps libre, les communications sur le glaucome s'enchainent jusqu'au déjeuner. Pendant cette pause déjeuner qui passe à toute vitesse, on peut discuter avec les collègues des dernières nouveautés  ou des bruits de couloir(=mot poli pour dire potins :-)).
En fin d'après midi, je rejoins les membres de la société francophone d'histoire de l'ophtalmologie : ici, on a une vision décalée de la profession, libre de toute arrière pensée commerciale.  
Quoi de moins rentable que l'histoire de l'ophtalmologie ?
Nous sommes là quelques uns à nous passionner sur l'identité de l'inventeur des lunettes, à nous remémorer les grands noms disparus de l'ophtalmologie,(Louis Paufique- René Hugonnier) pendant que dehors,  les ophtalmos "normaux" continuent à se prendre le chou sur les  instruments de consultation ou de chirurgie  exposés dehors et vendus à prix d'or (avec un soit disant "prix spécial congrès").(ne pas oublier de recompter ses doigts après avoir serré la main de ces marchands.
   Nous ne sommes pas de la même planète, ici, je prends une bouffée d'air pur en rencontrant ces confrères qui sont l'honneur et la mémoire de la profession.
Le dimanche a lieu la réunion du SNOF(syndicat national des ophtalmologistes français) (à qui j'ai emprunté quelques images de ce blog). Chaque année est dressé par divers orateurs un constat de l'état de la profession, de la démographie en chute libre des ophtalmologistes, des tracasseries ou  harcèlements administratifs. Le plus souvent,pendant cette réunion, je suis muet de consternation et de rage,  et je sors avec l'envie de tout casser. Pour me calmer, je retourne écouter les communications médicales, puis vers 18 heures, je traverse la porte Maillot, pour me rendre à la réception du congrès qui a lieu au pavillon d'Armenonville en pleine Sarkosie.(...) Le buffet est assez impressionnant, j'ai gouté cette année une glace  gingembre-carotte(un peu décevante) un sorbet à la tomate(un peu trop aqueux) et une délicieuse glace au poivre rose...  
  à suivre ...
  z

samedi 7 mai 2011

quelques "chouette "


An Owl - Huang Yongyu Completion Date: 1978 Style: Expressionism Genre: animal painting 
 c'est la consigne #148 du défi du samedi  :
Chouette !
Un brin désuet, ce petit mot se conçoit suivi d'un point d'exclamation et met immédiatement le sourire aux lèvres.
Comme si on avait déjà prévu de le faire rimer avec pouet  pouet
(Le prononcer sans sourire vous ferait ressembler à Droopy !)
Alors...
Je vous aurais bien raconté le monstrueux coup de chance qui a changé  ma vie.
Mais non, dans  « chouette ! », il y a l’idée de quelque chose qui sort juste un peu du quotidien mais pas plus que ça : par exemple, personne ne s’écrie « chouette j’ai gagné le gros lot du loto !  mais on dira « chouette  j’ai gagné  10€ au loto».
Je suis donc  parti à la recherche des « chouette » de mon entourage :
Tout d’abord  admirez : la célèbre table rangée le temps d’un repas familial.
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-Petite sortie dans le jardin : le voisin vient d'acquérir une  poule punk d’une race chevelue non répertoriée.
Peut-être pond elle des œufs de pâques, ceux que « Mimosa » récolte  consciencieusement dans le jardin.
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-les palmiers sont en fleurs...
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 -Et j’ai trouvé la nouvelle cachette d'Elvis !
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PS connection très intermittente dans les jours à venir pour cause de congrès à la capitale, et donc difficile de commenter ou de répondre aux commentaires (et j'ajoute d'un air désolé et pitoyable : "là bas ils n'ont que des macs ! " afin de ranimer pour pas un rond l'éternelle guéguerre entre internautes).