lundi 7 mai 2012

Monsieur le Président



Monsieur le Président, 
Je vous fais une lettre que vous ne lirez pas car vous n'aurez pas le temps.
Vous voilà élu ... et ici à l'Escale nous n'avons pas boudé notre plaisir, malgré des sensibilités politiques très différentes chez les escalators réunis devant la télé.

Fils n° 2 avait  proposé de voter pour l'autre : depuis qu'il a le droit de vote, celui pour qui il vote perd systématiquement, il craignait donc de vous porter la poisse en glissant votre nom dans l'enveloppe bleue.
 Depuis 5 ans il faisait si froid !
Pour un peu, j'attribuerais le retour du soleil (assez timide le rayon de soleil) à votre élection.
  Ne nous emballons pas, disons qu'à titre personnel, je viens de prendre une bouffée d'oxygène après des mois d'apnée.(même pas juvénile :-))
Je vous dois le calme revenu, ma haine pour le président sortant accumulée pendant ces dix ans, s'est estompée, je suis soulagé et heureux. Pour la première fois j'ai trouvé un côté humain, presque touchant à votre adversaire. Je vous dois en quelque sorte de ne plus charger mon karma par les bouffées de colère qui m'envahissaient à chaque fois qu'il malmenait la langue française et les concepts de liberté égalité fraternité.*
Vous le savez probablement, vous n'avez pas "le monopole du coeur" chez les médecins qui penchent majoritairement à tribord. Parfois il m'arrive de les comprendre : les 35 heures ont bien plombé l'hôpital, votre idée de limiter ce qu'on appelle à tort "dépassements d'honoraires" m'exaspère, moi qui n'y ai pas droit, moi dont le résultat fiscal est cette année inférieur à celui de ma compagne enseignante...
Puis je me permettre une fois de plus de vous rappeler que les honoraires des médecins secteur 1 n'ont quasi pas été réévalués depuis 1995 ?
Petit ophtalmologiste "généraliste "rural , je souhaiterais vous faire prendre conscience  que les déserts médicaux sont  plus dus aux autorités et aux tutelles qu'aux médecins eux mêmes.
Vous avez eu la politesse de répondre (un peu tardivement)  au SNOF en signant de votre main une lettre laissant entendre que vous étiez conscient du problème de la  mographie des ophtalmologistes. 
Votre concurrent a répondu in extremis via un de ses directeurs de campagne, avec un mépris assez agaçant. J'ai eu l'impression que  votre réponse,bien qu'elle soit loin de dissiper nos inquiétudes, a quelque peu fait bouger les marques chez les ophtalmologistes, sans les faire basculer de votre côté.
(faut pas rêver non plus !)
De mon côté, je suis conscient que vous avez d'autres chats à fouetter, que notre démographie, nos honoraires ou même les déserts médicaux.
Vous allez bien vous prendre la tête avec l'Europe, l'Allemagne, la dette,  le chômage "toussa toussa".
Dans les jours, mois ou années à venir vous révélerez probablement des insuffisances, des défauts que selon notre position sur l'échiquier politique, nous essayerons d'excuser, ou au contraire monterons en épingle.
Je ne peux que vous souhaiter de rester intègre à vous même , de savoir écouter et regarder, et de ne pas décevoir les espoirs de tous ceux qui ont cru en vous.
Il n'y a pas d'"état de grâce" cette fois ci.
Je vous souhaite de savoir vous entourer des meilleurs et je vous ( nous) souhaite une route heureuse et sereine. 
Comme disent les chinois  
yī lù píng 'ān " = paix sur la route 
 Monsieur le Président , soyez assuré de ma sympathie vigilante...
Dr Zigmund  
 Photo issue du profil de Madame de Keravel(merci) 

*  -déni de liberté : les dérives de la justice
 -déni d'égalité : le bouclier fiscal
-déni de fraternité : la chasse aux Roms et aux sans papiers
 -déni de démocratie : souvenez vous que nous avons voté NON très majoritairement au traité de constitution européenne (y compris contre l'avis du PS) qu'on nous a resservi. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

c'est à vous de réagir ....