vendredi 1 novembre 2013

c'est pour qui la banane ?


Le billet de François Morel: C'est pour qui la... par franceinter


Merci à François Morel pour ce billet (et pour tous les autres).




lettre ouverte de Titi Robin 

" Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle.
 Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme 
 toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux,
 généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux 
 célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une 
 éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui 
 m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des 
 hommes et des femmes avec leurs propres bagages 
 culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, 
 j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je
 savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant 
 toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. 
 Je l’aime.

 Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles
 et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable 
 expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est ce 
 le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me 
 troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des 
 messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens 
 sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au
 moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) 
 comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) 
 encourage certains intellectuels, certains médias et des gens 
 de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère 
 profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique,
 la crise encourageant le repli sur soi.

 Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et 
 portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent 
 soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait 
 connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme 
 un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette 
 de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en 
 l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis,
 une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, 
représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche 
 et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région 
 ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre 
 mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa 
 population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se 
 félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. 
 Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des 
 personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à 
 la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres 
 personnes souffrent en silence. Si notre corps social est 
 endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il 
 importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, 
 nous devons pouvoir continuer à être fiers de qui nous sommes, 
 de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
 Thierry ROBIN

4 commentaires:

  1. J'ai écouté ce billet sur un événement que je ne connaissais pas.
    Il m'a mis mal à l'aise. Qu'on en arrive là, dans les faits et le commentaire, m'effraie.
    Comme m'effraie la responsabilité des adultes, des parents. Parce qu'il me semble que chaque adulte est, plus ou moins, un parent pour n'importe quel enfant. Et que dire cela à un enfant me parait vraiment violent, ce qui ne le serait pas à l'adresse des parents de cette enfant.
    Que François Morel a cités quand même.
    Je ne peux aussi m'empécher de penser que des lycéens, pas encore des adultes quoi qu'ils en aient, sont parfois instrumentalisés par d'autres adultes. De manière beaucoup moins obscène, il est vrai...
    Quelle amère potion, vraiment.

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  2. le principal reproche qui a été fait à François Morel sur ce billet c'est effectivement qu'il s'adresse prioritairement à l'enfant ;
    c'est effectivement très dur mais ça n'en a que plus de poids : quelle adulte deviendra cette enfant ?
    le geste raciste était ici doublement monstrueux : le geste lui même mais également l'utilisation d'un enfant.
    A travers l'enfant Morel attaque les parents plus durement que s'il les traitait de sales c... ce qu'ils sont ; comme les italiens qui se livrent à ce genre de débordements avec une ministre noire (là ce sont de adultes)
    il y a des lois dans ce pays j'espère que les parents de cette enfant seront jugés et punis comme le prévoit la loi.
    a l'heure où on envisage d'interdire les claques sur les enfants(je n'ai pas d'opinion très claire là dessus) j'estime qu'on a sans doute le droit de faire brandir une pancarte contre le mariage pour tous à un gosse mais pas une pancarte comportant une insulte raciste.
    l'enfant est utilisé comme bouclier

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  3. J'aime bien ce billet, même si l'on est un enfant, cela n'empêche que ce qui doit être dit doit être fait. Même par un tiers.

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