Chères consœurs, chers confrères, chers amis,
L'heure est grave. Elle est dramatique. La médecine n'a jamais été autant menacée, notre système de santé "à la française" jamais autant en danger, les médecins jamais autant insultés, stigmatisés. Il est urgent, il est vital, de réagir. Maintenant. Tout de suite. Demain il sera trop tard.
Permettez-nous un petit résumé de la situation, et une courte présentation.
Il y a maintenant 30 ans, la Sécurité Sociale a commencé, soit disant pour des raisons de "caisses vides", à se désengager du remboursement des soins. Le Secteur 2 a alors été créé, en 1980, pour permettre aux médecins de compenser l'absence de revalorisation du Tarif Opposable, et leur permettre de continuer à payer leurs charges qui, elles, continuaient à suivre l'inflation, et investir dans des techniques innovantes comme la cœlioscopie.
Depuis ce temps, ce Tarif Opposable n'a pratiquement pas augmenté, contraignant les Secteurs 1, sous couvert d'exonération d'une partie des cotisations sociales, à une insulte tarifaire (23 euros le C, c'est moins qu'une coupe de cheveux, qu'un toilettage pour chiens ou qu'une pose de vernis), les obligeant à multiplier les actes, ne serait-ce que pour coller à l'augmentation des charges, et enfermant les Secteurs 2 dans le rôle des "méchants dépasseurs".
Malgré tout, il y a encore 20 ans, la grande majorité (7/10) des internes souhaitait s'installer en libéral.
Aujourd'hui tout a changé. Et ce sont la volonté politique, associée à certains syndicats horizontaux signataires, aux ordres, soit disant représentatifs, hors d'âge, tenus par des cacochymes, professionnels des dorures des ministères, ayant depuis longtemps perdu le sens de la pratique médicale et du lien avec leur base, poussée par les intérêts financiers multimilliardaires des complémentaires, qui sont responsables de ce naufrage. Car ne nous y trompons pas. En face, nous avons du lourd! Nous avons par contre comme alliés des syndicats horizontaux qui défendent nos valeurs, tels la FMF, Le Bloc, l'UCDF. Nous savons également qu'une grande majorité des membres de la CSMF et de MG France ne se retrouvent pas dans la politique de leur syndicat. Nous les appelons bien entendu à nous rejoindre. Le SML, depuis son changement de Bureau, semble également adhérer à nos idées (en tant que syndicat signataire de l'avenant 8, nous attendons cependant ses prises de positions officielles). Car notre réponse, notre engagement, notre combat pour notre liberté d'exercice doit être à la hauteur de nos adversaires. Sans faille et total!
Le but ici n'est pas de faire de la politique. Droite ou gauche, les objectifs sont les mêmes. Il se trouve qu'un des thèmes de campagne du candidat Hollande était "l'accès aux soins pour tous". Et de stigmatiser les "dépassements d'honoraires", responsables d'après lui du défaut d'accès aux soins de qualité (sous-entendu que les soins assurés en Secteur 1 sont indignes....ceux d'entre vous qui en font partie apprécieront...).
Forte de ce postulat de départ, totalement faux bien sûr et facilement démontable, notre chère ministre de la santé fraîchement nommée a alors pris son bâton de pèlerin idéologique, et a décidé de faire passer l'Avenant 8 à la convention médicale. C'est cet avenant qui a mis le feu aux poudres.
Pour résumer il contient les principales aberrations suivantes:
- limitation des compléments d'honoraires des Secteurs 2, qui se voient diminués, sans limite, dans les années à venir (150% du TO en 2013, 100% en 2014, et après???)
- la disparition de la prérogative du Conseil de l'ordre de juger de la notion de tact et de mesure. Le médecin devient un délinquant statistique, jugé, sans possibilité de défense, dans des Commissions paritaires, dont les membres sont majoritairement ceux qui ont signé cet avenant! Avec de toute façon une sanction finale décidée par le seul Directeur de l'Assurance Maladie...Bel exemple de démocratie!
- l'introduction dans le jeu conventionnel des complémentaires, qui, sous couvert de défense du bien-être de la population et de faire faire des économies à l'état en lui permettant de continuer à se désengager de plus en plus du remboursement des soins, lorgnent sur les économies, donc l'augmentation de leurs bénéfices, que produiront pour eux la limitation et le contrôle des honoraires des médecins.
- Le Contrat d'Accès aux Soins, qui permet soit disant un meilleur remboursement des soins pour les patients des médecins qui y adhèrent, grâce à une "incitation" des complémentaires à mieux les prendre en charge, et une revalorisation du Tarif Opposable par des primes pour ces médecins, qui s'engagent à limiter non seulement leurs honoraires, mais à ne pas les augmenter, et à prendre au moins 30% de patients à ce Tarif Opposable. Vaste fumisterie, qui ouvre la porte au remboursement différencié par les mutuelles, donc aux réseaux de soins qui feront perdre leur liberté aux patients de choisir leur médecin, et au médecin de choisir ses prescriptions. Vaste fumisterie, qui cherche encore à diviser les médecins, à les éclater dans de multiples secteurs pour arriver à terme à la disparition du Secteur 2, et, dans son sillage, celle de toute la médecine libérale. Vaste fumisterie, revendiquée par certains syndicats, qui se glorifient d'un saupoudrage symbolique, indigne, au lieu de se battre pour une vraie revalorisation des actes, en approuvant les décotes scandaleuses, en particulier de ceux des biologistes et des radiologues.
Car ne nous trompons pas! Ce que veulent les différents gouvernements successifs depuis 20 ans, c'est la disparition de la médecine libérale pour une médecine salariée, verrouillée, dont il sera facile de calculer le "risque" des dépenses, comme disent les assureurs, aux ordres d'organismes financiers qui imposeront une médecine à plusieurs vitesses, avec des contrats "Gold" offrant des réseaux performants, et des contrats "Low Cost"... La qualité des soins sera alors dépendante des revenus de chacun. Bien plus que ce qu'on veut nous faire avaler de la situation actuelle. Et tout cela dans une médecine où l'état sera totalement désengagé, et où la santé sera guidée par des organismes financiers motivés par le principe du chiffre d'affaires et du bénéfice. Mais où sera alors le patient dans tout cela? Où sera cette relation de confiance si particulière qui le lie à son praticien?
Vous pensez à de la paranoïa? Vous êtes en fait très loin du compte... Aujourd'hui, seul 1 interne sur 9 veut s'installer en libéral. Outre le fait de se demander qui cotisera demain pour vos retraites, il faut se demander qui reprendra votre patientèle... Limitation des honoraires, augmentation des charges, obligation à la télétransmission, Tiers Payant Généralisé, absence grossière de revalorisation du Tarif Opposable. Tout est mis en place pour dégoûter les nouveaux de suivre la voie du libéral, et fliquer, contrôler, contraindre, ceux qui restent. Demain, vous serez payés, statistisés, jugés par les mêmes qui organisent et financent le soin. La boucle est bouclée.... Le médecin ne sera plus qu'un pion, qu'un effecteur de soin, qu'une variable. Vous ne prescrivez pas ce qui convient? Vous n'êtes pas payés. Vous voulez contester? Vous n'êtes pas payés. Vous refusez de vous plier aux demandes de statistisation de vos pratiques? Vous n'êtes pas payés. Ils passent le C à 15 euros (après tout, pourquoi pas, de toute façon un médecin c'est un nanti, et c'est un sacerdoce, iĺ devrait accepter de travailler gratuitement!). Vous êtes payés...mais vous ne pouvez plus vous plaindre ni faire autrement avec le Tiers Payant Généralisé que de subir. Sinon, quoi? Vous n'êtes pas payés!
Il y a un an, beaucoup de médecins ont senti cette dérive se profiler, et se sont retrouvés dans un groupe de discussion sur Facebook, appelé "Les Médecins ne sont pas des Pigeons". Très rapidement, une évidence est apparue: seule l'union des médecins pourrait apporter une réponse à ces agressions. Malgré nos efforts et nos pressions, lors d'une négociation de plus de 30 heures avec la ministre de la santé, s'apparentant plus à une prise d'otages, certains syndicats représentatifs, dits "horizontaux", ont signé l'adoption de cet avenant 8 (la CSMF, le SML, contre l'avis de sa base, et MG France), présageant la fin de la médecine libérale.
Parallèlement, issue des Pigeons, et maintenant totalement indépendant d'eux, est née l'UFML, Union Française pour une Médecine Libre. Nous sommes une association, pas un syndicat (et nous n'avons pas pour le moment vocation à le devenir). A l'image de Notre Bureau, composé de Secteurs 1, de Secteurs 2, de spécialistes, de généralistes, de médecins citadins et ruraux, nous sommes persuadés que seule l'Union, enfin, permettra de rendre la dignité aux médecins, de les rendre de nouveau décisionnels. Nous sommes composés de tous les pans de la médecine. Hospitaliers, libéraux, salariés, généralistes et spécialistes, tous secteurs, toutes générations confondues. Et surtout nous sommes nombreux! Beaucoup plus que l'ensemble des syndicats soit disant représentatifs. Et nous sommes devenus en un an incontournables. Egora, le Quotidien du Médecin, Le Monde, nous citent régulièrement.
L'UFML est avant tout portée vers l'action. Elle a été le fer de lance des manifestations de l'année passée. Elle se bat sur le terrain en organisant dans toute la France des réunions pour aller à la rencontre des confrères afin de recueillir leurs revendications, leur colère, leurs souffrances. Elle s'est déplacée dans des départements dits "déserts médicaux", à la rencontre des Maires et des médecins, pour tenter de trouver des solutions adaptées, pratiques, simples, à l'opposé de celles, démagogiques et farfelues, sorties des cerveaux technocratiques de nos ministères. Son Bureau et ses membres actifs travaillent jour et nuit depuis un an pour tenter de mettre au point des solutions qui tireront enfin la Médecine vers le haut, pour mobiliser les confrères, pour publier sur le site internet, sur Facebook, et surtout pour être à la fois une force de dénonciation des stratagèmes honteux et indignes qui nous insultent depuis des mois, voire des années, et en même temps se poser en vraie dynamique de propositions.
L'UFML revendique plusieurs objectifs:
- la revalorisation de l'acte médical: une consultation prise en charge au minimum à la moyenne européenne, soit 45 euros. Aux complémentaires et à l'état de se débrouiller pour cela. Nous n'acceptons pas que les médecins soient la seule variable d'ajustement du système! Que les complémentaires paient moins de pubs à la télé ou les bateaux du Vendée Globe, elles rembourseront mieux les patients!
- la liberté des honoraires pour tous (libre choix du secteur et de son changement), comme toujours avec tact et mesure, jugés par un Conseil de l'ordre rétabli et fort. Aucune contrainte "administrative" sur nos honoraires ne doit être acceptée.
- refus total des réseaux de soins et de la mainmise des organismes privés sur le santé
- retrait de l'avenant 8, qui signe la mort annoncée de la médecine libérale
- refonte du paysage syndical, avec fusion des principaux syndicats horizontaux dits "représentatifs", pour idéalement n'en former qu'un seul, refusant toute contribution de l'état afin de garder son indépendance, composé d'un Bureau élu pour une durée limitée, avec obligation pour ses membres de pratiquer activement et parallèlement la médecine. Seul un syndicat unique, fort, vraiment représentatif d'un grand nombre d'adhérents qui enfin s'y reconnaitront, permettra de faire efficacement face aux attaques que nous subissons. Les syndicats verticaux, de spécialités, comme le vôtre, sont dans l'immense majorité des cas avec nous. Ce sont nos alliés. Ils luttent à nos côtés et nous les soutenons. Ils doivent être renforcés. Les médecins doivent être plus nombreux à se syndiquer. Nous écoutons les demandes spécifiques de chacun afin de les intégrer dans nos revendications, tout en gardant à l'esprit la priorité absolue qu'est la défense de la profession dans son ensemble. Car ensemble, unis, nous détenons un pouvoir que les médecins eux-mêmes ne soupçonnent pas.
- refus du Tiers Payant Généralisé, qui va étendre la mainmise absolue de l'administration sur nos rémunérations, et donc sur notre liberté. Ce système de Tiers Payant a des vertus pour certains qui le pratiquent. Il est optionnel aujourd'hui, et c'est très bien comme cela. Il faut qu'il reste un choix.
- opposition à la loi HPST, qui a détruit l'hôpital public, qui a mis en place une gouvernance étatisée qui retire aux médecins de terrain tout pouvoir décisionnel, qui les étouffe par des considérations administratives et budgétaires aboutissant à terme à des aberrations comme la fermeture de l'Hôtel Dieu. L'UFML rappelle que le système de soins français ne peut fonctionner que sur un équilibre entre le public et le privé. Menacer l'un ou l'autre, défavoriser l'un pour l'autre ne peut qu'aboutir à l'effondrement du système. Nous défendons de manière égale la qualité de ces deux piliers de la médecine française et l'indépendance de ses praticiens.
- propositions pour un système de santé viable, solidaire, prenant en compte les problèmes des déserts médicaux, où le patient et le médecin retrouvent leur place centrale, décisionnaire.
Aujourd'hui, l'UFML mobilise l'ensemble de la profession face aux agressions, aux insultes, que subissent les médecins. Nous préparons une grande journée le samedi 9 novembre prochain, où nous allons mettre au point une stratégie d'actions qui débuteront le lundi 2 décembre. Nous comptons sur la mobilisation de votre syndicat, sur votre mobilisation personnelle, pour nous rejoindre et nous épauler. Venez assister à la réunion du 9 novembre et à notre Assemblée Générale. Venez sentir la colère de vos confrères. Venez exposer la vôtre. Venez vous rendre compte à quel point nous sommes devenus nombreux. Historiquement. Et préparez-vous pour le combat à partir du 2 décembre. Les informations sont sur notre site.
Nous nous battons pour vous, avec vous, pour que vous retrouviez l'honneur de pratiquer notre si belle profession. D'autres professions paramédicales (infirmières, kinés, opticiens...) seront à nos côtés. Nous nous battons pour la liberté, la reconnaissance, et la considération de ces professions. Attaquer une profession médicale, quelle qu'elle soit, c'est attaquer l'UFML.
Prenez conscience de l'urgence absolue de la situation! Pour la première fois, cette Union des médecins, tant rêvée par nous, tant crainte par nos gouvernants, prend forme. La première étape consiste bien entendu à se tenir informés de nos actions. Notre site www.ufml.fr et http://www.ufml-asso.org/
contient tous les documents nécessaires. Il permet également de vous inscrire sur notre base d'email afin de recevoir notre newsletter hebdomadaire. Pour ceux qui sont sur Facebook, nous avons une Page Fan et un Groupe que nous vous incitons bien sûr à venir "liker". Nous vous incitons également à venir y exposer vos idées, à débattre. Il s'agit à la fois d'un forum ouvert 24h/24 et d'une source d'informations en temps réel. Pour des raisons symboliques (encore une fois nous ne sommes pas un syndicat), nous avons fixé notre cotisation annuelle à 23 euros. Cette adhésion est bien entendu optionnelle pour recevoir nos informations, mais sera fortement appréciée, puisque nous ne fonctionnons que par elle. Cette adhésion à notre association n'est évidemment en concurrence avec aucune appartenance à un syndicat.
Nous espérons vous avoir convaincu de la nécessité brûlante de vous joindre à nous. Nous sommes Médecins. Nous sommes libres. Nous sommes debout. Et allons le rester. Rejoignez-nous.
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