jeudi 24 juillet 2014

Rocade d'amour


Me revoilà sur ce périphérique toulousain ; c'est vraiment la partie de la ville que je connais le mieux.
Cette fois ci,  je suis seul pour assister à ce mariage, Gabrielle n'a pas pu suivre. Ici, dans ma famille, tout se fait dans la précipitation, le temps se rétrécit. Tout en m'angoissant sur la sortie à prendre, tout en écoutant Mouloud le GPS (gros perdeur stupide) intégré à mon téléphone, je regarde les tags sur le béton et les murs peints. Avec un pincement au coeur, je regarde cette ville qui fut la mienne,  et je récapitule les derniers évènements. 
Me voilà au pied du mur 
Je suis allé voir ma tante,  j'ai menti avec une effrayante facilité, et je n'arrivais  même pas à avoir mauvaise conscience.
Ma tante était fatiguée mais heureuse de me voir. Effectivement, j'ai remarqué que sa mémoire immédiate trébuchait et bégayait, mais son regard pétillait de bonté et d'amour. Elle m'a posé plusieurs fois des  questions concernant la santé de mes parents, comprenant mal qu'ils ne m'aient pas accompagné pour ce mariage. Et j'ai dit et répété qu'ils étaient âgés et que le voyage était difficile voire impossible.
Nous avons évoqué les souvenirs heureux d'Algérie, le magasin de ses parents, les rues, nos maisons, le bleu à jamais perdu de la mer. Nous avons parlé de la mémoire et de la transmission des souvenirs à nos enfants. Elle m'a dit la beauté et la gaité de ma mère, sa cadette, qui parait il faisait tourner bien des têtes et des coeurs. Nous avons tenté de retrouver les mélodies que ma grand mère chantait en s'accompagnant au piano. Nous avons parlé de ses petits enfants qui vivent en Israël et nous avons passé sous silence  la peur, le danger et les évènements. Je lui ai remis le pot de confiture d'abricots à la lavande (en murmurant "pour que la vie te soit douce ma tante")
Et puis j'ai du repartir en promettant de revenir, en me promettant de lui envoyer un courrier avec des vraies photos (et pas un mail) et de glisser dans le colis un pot de confiture d'orange amère.(parce que c'est sa confiture préférée, mais trouver des oranges amères ici c'est le parcours du combattant )
Puis j'ai foncé vers le métro avec des larmes au creux du coeur.



8 commentaires:

  1. mentir par amour... c'est beau mais c'est triste !
    bizzz et pokou Zigmund

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  2. c'est beau, c'est triste aussi, mais c'est beau

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  3. ah zut, Mme de Keravel l'avait déjà dit ;-)
    (faut croire que c'est vraiment beau et triste, alors)

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  4. @M2K et Adrienne
    comme à chaque fois je vais avoir de la peine à les quitter (il n'y a pas que ma tante , il y a ici une grosse partie de ma famille)
    il y a eu aussi des choses gaies : une fête, des retrouvailles, un nouveau bébé
    j'ai su que ma tante avait été heureuse de ma visite
    et ici je suis très loin de mon bocal donc même si c'est triste je serai heureux de retrouver mon univers
    "heureux qui comme Ulysse...."

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  5. Les larmes, c'est notre punition pour avoir aimé. - Moi

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  6. tu as raison et refuser d'aimer n'est pas une solution

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  7. quelle émotion... je suis ravie de notre discussion... j ai pleuré à la lecture de certains de tes écrits... merci et à très vite sur ce blog ou ailleurs
    merci pour ma grand-mère

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  8. merci Eva
    je souhaite que nous nous retrouvions souvent en d'heureuses occasions bises à toi et à ta petite famille

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