samedi 2 novembre 2013

les lunettes : tentative d'approche "sociale"


Ce billet est le développement d'un commentaire que j'ai laissé  sur le post de Doc du 16
http://docteurdu16.blogspot.fr/2013/10/les-circuits-inutiles-de-lassurance.html



Il s'agit de madame A 59 ans hypertendue traitée qui a de faibles revenus (CMU).Elle reçoit une convocation de l'assurance maladie pour un examen périodique de santé : l'organisme auprès duquel la CNAM a délégué ?/privatisé?/ délocalisé ? pointe dans son rapport quelques problèmes dont un trouble de la vision.
Elle est orientée vers un ophtalmologiste apparement intégré dans ce centre médical qui lui prescrit des lunettes. 
Le devis pour les lunettes est 360 € dont 160€ de sa poche qu'elle ne possède pas. Donc les lunettes attendront "des jours meilleurs".
Cette observation me conduit à plusieurs réflexions
-l'ophtalmologiste a prescrit des lunettes a certainement demandé des honoraires secteur 1 comme c'est obligatoire en cas de CMU et la consultation de cet ophtalmologiste a été prise en charge.
-la renonciation (provisoire )aux lunettes pour cause de problèmes financiers
-le prix  des lunettes


La "renonciation aux lunettes" pour cause de prix

Outre que je m'étonne que la prise en charge CMU ne soit pas complète,  il y a plusieurs choses à dire là dessus.
C'est à dessein que j'utilise ce terme de "renonciation" les  journalistes et notre (encore) sinistre  ministre ne manquent pas de compléter en "renonciation aux soins pour cause de dépassements d'honoraires".
En gros, ils assimilent les lunettes à des soins, ce qui n'est pas toujours vrai, et surtout, ils assimilent le prix élevé des lunettes à un dépassement d'honoraires de l'ophtalmo.
Ce raccourci faux et démagogique est un scandale pur et simple.
L'ophtalmologiste ne vend pas les lunettes : les médias font semblant d'ignorer cette séparation prescription/vente pour mieux stigmatiser la profession. C'est comme si on accusait un médecin de gagner de l'argent avec le prix des médicaments (parfois chers) qu'il prescrit en ignorant que c'est le pharmacien et le labo pharmaceutique qui interviennent à ce niveau.
(Notons également qu'un autre argument de même type aussi démagogique est utilisé par les médias : "les gens renoncent aux soins ophtalmo pour cause de délais trop longs"  : http://lerhinocerosregardelalune.blogspot.fr/2011/11/faux-freres.html )
Par ailleurs, si l'opticien a obligation d'équiper en lunettes les bénéficiaires de la CMU gratuitement, l'ophtalmologiste  même secteur 2  a obligation d'appliquer le tarif conventionnel au bénéficiaire de la CMU.  
Enfin pour les non bénéficiaires de la CMU nous rappellerons la prise en charge minimaliste,   et ridicule de la sécu tant sur les montures que sur les verres. Elle s'inspire encore aujourd'hui de tarifs vieux de 40 ans (quand le SMIC était à 150€/mois)

Le prix des lunettes
360€ ce n'est pas énorme s'il s'agit de verres progressifs  mais c'est beaucoup s'il s'agit de verres simples.
A ma connaissance, un verre progressif coûte au minimum 200€ le verre en "bas de gamme"
Je m'étonne qu'il reste 160€ à régler  dans la mesure où en cas de CMU et en l'absence de demande particulière de la patiente (monture de prix, verres affinés ) la totalité de la facture est prise en charge par la CMU.
On pourrait imaginer que madame A a une correction super alambiquée : forte myopie, astigmatisme de folie ... mais je suis prêt à parier que non : parce que, sinon, même très démunie, madame A aurait déjà eu des lunettes, ou n'aurait pas attendu qu'un centre de santé dépiste ses problèmes visuels.
 Alors, nous allons supposer qu'elle a besoin d'une petite correction en vision de loin (dont elle n'avait pas conscience jusque là) et ,vu son âge, d'une correction de presbytie (donc de près lecture couture etc...)

C'est là qu'intervient  la "gestion sociale de la presbytie" qui selon moi est le rôle de l'ophtalmologiste lors d' une consultation simple.
 D'où mon commentaire :

soit la patiente a besoin de verres de vision de près seulement  :
- on peut proposer  des lunettes de vision de près sur 1 monture simple ou demi lune (et là il y en a pour moins de 360€ et la CMU prend en charge le coût des lunettes)
 -si, comme on peut le supposer,  la correction est encore plus basique ( vision de près située  entre +2.50 et +3) on pourra  utiliser des lunettes dites de dépannage de +2.50 +3 en vente partout entre 5 et 15€) (il ne s'agit pas bien sûr de lui faire des lunettes minables au rabais mais de trouver une solution d'attente de jours meilleurs)
- soit elle a aussi besoin d'une vision de loin  et si elle ressent la gène, on fait une ordonnance de progressifs (pas de bifocaux sauf exception) qui coûtent cher. Si elle ne conduit pas, si elle n'est pas gênée devant la télé ça peut attendre. Les ordonnances de lunettes ont une durée de vie de 3 ans (5 ans c'est trop) : on revient donc  au cas précédent en attendant des "jours meilleurs"
La séparation prescription/vente prend ici toute sa valeur : l'ophtalmologiste n'a aucun intérêt à faire des lunettes compliquées ou chères, il n'a aucun intérêt à pousser son patient à changer de monture (si l'existante est correcte et peut tenir).

Si la détermination des verres correcteurs  prend 2 à  5 mn sur une patiente de ce type, l'explication, la discussion qui précède peut se révéler chronophage, elle fait partie de notre métier et elle est malheureusement  parfois zappée.

vendredi 1 novembre 2013

c'est pour qui la banane ?


Le billet de François Morel: C'est pour qui la... par franceinter


Merci à François Morel pour ce billet (et pour tous les autres).




lettre ouverte de Titi Robin 

" Permettez-moi de prendre la parole d’une manière personnelle.
 Je suis né dans un village angevin où on élevait (comme 
 toujours aujourd’hui) des vignes pour élaborer un vin moelleux,
 généreux, destiné au partage, à l’accueil des visiteurs, aux 
 célébrations familiales. J’ai reçu dans ce village une 
 éducation traditionnelle, riche, que je porte avec fierté, qui 
 m’a permis de voyager et de rencontrer de par le monde des 
 hommes et des femmes avec leurs propres bagages 
 culturels. Nous avons échangé, et ainsi je me suis construit, 
 j’ai grandi, mariant mes racines à celles rencontrées. Comme je
 savais d’où je venais, je retrouvais toujours ma route. Durant 
 toutes ces années, je suis toujours resté fidèle à ma région. 
 Je l’aime.

 Aujourd’hui, je suis blessé, humilié, et en colère. Les paroles
 et gestes d’une enfant d’une douzaine d’années et d’un notable 
 expérimenté auraient-ils souillé l’air ? Ou bien est ce 
 le silence et l’apathie qui ont suivi ces événements qui me 
 troublent ? De France et de l’étranger me parviennent des 
 messages : « Que se passe-t-il chez vous ? Pourquoi les gens 
 sont-ils devenus ainsi, en Anjou ? » Dans les rues d’Angers, des gens évoquent leur gêne ou leur honte à voix basse. Je ne pense pourtant pas que nous ayons changé. La lâcheté ou tout au
 moins le manque de clairvoyance de nos dirigeants (de gauche) 
 comme de leurs collègues dans l’opposition (de droite) 
 encourage certains intellectuels, certains médias et des gens 
 de pouvoir à développer dans le pays une atmosphère 
 profondément malsaine. Il y a là quelque chose de pathologique,
 la crise encourageant le repli sur soi.

 Du coup, cette minorité dans notre société qui a porté et 
 portera toujours en son sein des idées empoisonnées se sent 
 soudain libre de les exprimer au grand air. Notre pays avait 
 connu ce phénomène il y a longtemps. Il y a aujourd’hui comme 
 un relâchement moral nauséabond. Et puis voilà : Une fillette 
 de douze ans peut traiter comme un animal, en rigolant, en 
 l’insultant, devant le public, la presse, et ses parents ravis,
 une femme d’une grande culture intellectuelle et morale, 
représentante du gouvernement, car l’enfant a la peau blanche 
 et la femme la peau noire. Un notable d’une ville de la région 
 ironise autour de l’extermination pendant la deuxième guerre 
 mondiale des ancêtres d’une partie, minoritaire, de sa 
 population (qu’on appellera ici Gens du voyage) et se 
 félicite aujourd’hui de les chasser de son territoire. 
 Ces événements sont mis en lumière car ils concernent des 
 personnages publics. Nous devons savoir qu’ils correspondent à 
 la face émergée du problème. Cela signifie que bien d’autres 
 personnes souffrent en silence. Si notre corps social est 
 endormi, affaibli, il importe de réveiller ses anticorps. Il 
 importe aussi de parler fort. Ayons confiance en nos forces, 
 nous devons pouvoir continuer à être fiers de qui nous sommes, 
 de nos racines comme de notre hospitalité, qui vont de pair. »
 Thierry ROBIN

le retour

Quelques nouvelles : ma cousine Myriam s'est réveillée tardivement de l'intervention. Il va falloir attendre quelques mois pour savoir si sa vie  sera  seulement compliquée ou  juste invivable comme avant.

Nous retrouvons notre maison, le calme le froid aussi.
Les chats nous font des reproches.
Zigmund chat gémit en nous lançant des regards chargés de reproche ;  Iris-nouvelle matoute est déchaînée et court partout à la recherche de la prochaine bêtise à ne pas rater.
 En notre absence et malgré le passage régulier des cat's sitters elle a plongé dans la poubelle à la recherche de nourriture supplémentaire : du coup son pelage est gluant ...beurk !!!  cette bestiole est un estomac sur pattes ; il va falloir la mettre au régime . -
Les moments heureux ou difficiles de cette escapade toulousaine me reviennent en mémoire : la course sur la rocade et les embouteillages, le timing ajusté à la minute près pour rendre visite aux oncles et tantes âgés bloqués dans les étages (pour cause de panne d'ascenseur) l'accueil de ma cousine Sarah et de son compagnon, la gestion de la perfusion du chien en fin de vie, l'émerveillement  devant l'aquarium marin, les discussions animées parfois usantes...Tenter d'expliquer nos choix de vie, ou notre vie tout court. 



La seule ballade dans la ville a été de courte durée 
La visite du capitole ou du musée des Augustins attendra  ... Par contre une décision importante, vitale même pour nous deux : le passage à un régime alimentaire plus sain, car nous avons été poussés "à l'insu de notre plein gré" à de gros excès alimentaires.



à voir : un petit court métrage  What is that ?http://shortfilmmasterpieces.tumblr.com/post/63200589264/what-is-that